dimanche 1 avril 2012

Re(de)(ux)venir




Robert Charlebois en son temps l'avait chanté, par Ariane Moffatt vite confirmé, "je reviendrai à Montréal, dans mon Boeing bleu de mer"... "je reviens à Montréal, la tête gonflé de nuages"... "en format original, je rentre à Montréal...", "je serai rentrée à la nage, si je n'avais pas eu tant de bagages."


Ariane Moffatt Retourne à Montreal par metal83

Le 13 mai, ce grand Boeing bleu de mer ou un autre nous ramènera en effet à Montréal pour une semaine. Une semaine de soleil ou contrairement à Charlebois nous ne goûterons pas la neige et l'hiver, car ce ne sont pas eux qui nous manquent.

Ceux qui nous manquent, c'est vous. Vous autres Québécois qui faites un peu partie de nous; vous autres amis français qui avez choisi ce pays. Ceux qui nous manquent, aussi, c'est nous. Les nous que vous nous avez aidé à devenir ou que vous nous avez vu devenir lorsqu'on était chez vous. Revenir, c'est un peu redevenir. Enlever son manteau de Français et remettre ses gougounes du Québec, ôter ce vouvoiement qu'on adopte sans cœur et dire tu à tous ces inconnus, apporter quelques becs bien de chez nous pour compléter les hugs d'Elvis Gratton et les soupirs de Léolo.

Se retrouver un peu, donc, sans les couches historiques des quatre derniers siècles du vieux continent, la Vieille Europe. Presque, aussi, comme si c'était sans les couches, plus récentes et moins historiques, de notre chère Colline. Ce petit goût de Québec qui nous passe sur les lèvres en parlant du voyage à venir a un goût de l'avant et la saveur des amoureux. Il nous parle d'un temps où nous étions à deux et la main dans la main, les yeux vers le soleil où se cachait une Colline pas encore née. Il nous donne le souffle qui cet après-midi nous porte vers la terrasse des cafés et les parcs en bourgeon, notre fille sous un bras mais sans nous en soucier. Il nous rappelle d'avoir envie sans peur et plaisir sans contrainte, de voir ses pleurs et rires avec aisance et insouciance et ses couches et petits pots comme des jouets qu'on s'est nous même choisis.

Redevenir deux, tout en devenant trois. Dans la même liberté.

"Je reviens à Montréal, portée par un héritage... Enfin je suis un peu plus sage...." dit encore Ariane Moffat. La sagesse de l'Europe? Celle de la mère, plutôt. Et du père. Et du plaisir d'être trois.

Et qui sait ce(ux) qu'en "venant" à Montréal nous y (re?)découvrirons encore ?